Tornar vès la paja principala
Puèi de Doma de deman

Revoir le logement ou comment planter plus d’arbres en ville.

Clermont-Ferrand est une ville fortement urbanisée malgré les maigres initiatives de la mairie actuelle pour remédier au problème. C’est une chose constatée quasi-unanimement par les personnes y vivant, ou même la visitant seulement. Il s’agit d’une part d’un problème écologique, car l’urbanisation a des effets dévastateurs sur la biodiversité que je ne vais pas vous faire l’affront de répéter. Il s’agit d’autre part d’un problème social car la précense d’espaces naturels a un impact sur la chaleur ressentie et sur le moral. Malheureusement, il ne suffit pas de planter des arbres municipaux pour remédier à ce problème, mais en creuser les causes plus en profondeur.

Je définirais les principales causes de cette urbanisation en deux catégories principales:

Sans plus de spoiler, je considère que ces deux catégories sont liées à une seule et même dimension, celle du logement.

Ce qui est nécessaire à chaque personne est d’avoir d’une part un espace de vie privé (donc, un logement décent), et un espace de vie extérieur (des endroits de socialisation, de fournissement de ressources diverses etc...) et tout cela soutenable économiquement et moralement pour cette personne.

Plusieurs choses découlent de ce postulat si vous y agréez.

Les résidences secondaires

Premièrement, il est possible de limiter l’urbanisation en limitant fortement, ou même en interdisant la possession d’une résidence secondaire. Une résidence secondaire n’est en effet pas utile dans la vie d’un individu afin qu’elle puisse se dérouler avec épanouissement et bonheur. Pire encore, une résidence secondaire peut priver d’autres personnes, plus précaires, d’accéder à un logement décent.

Une résidence secondaire peut soit être locative, soit être destinée à un usage de loisirs (vacances) ou dans des situations plus hybrides (un temps locatif, un temps vacancier).

Le problème de l’usage vacancier est le plus évident. Nous avons ici un bâtiment, ou une partie d’un bâtiment qui n’est pas utilisé pendant la majorité de l’année, et qui prive par conséquent des personnes résidentes dans le lieu à l’année, d’un logement, et entraîne fatalement la création d’un logement supplémentaire, donc plus d’urbanisation.

Dans le cas du logement locatif, il s’agit d’une personne faisant louer son bien à une autre. Afin que cela soit intéressant, il faut forcément que le propriétaire se fasse une marge sur cette location. Cela crée une augmentation artificielle du prix à payer pour se loger. Cette marge, cet argent gagné n’est en effet pas le produit d’un travail que fourni le propriétaire, mais vient simplement du fait de posséder un bien. Il s’agit «d’argent magique».
En prenant en compte cela, la potentielle augmentation des prix, et les bails à durée limitée dans le temps, il y a en conséquence l’apparition d’une population locataire étant obligée de se déplacer bien plus souvent que d’ordinaire. Nous verrons plus tard en quoi cela est un problème pour notre questionnement de base, en plus d’être un problème social évident que je n’ai nul besoin de développer.

Selon la carte de l’observatoire des territoires: https://www.observatoire-des-territoires.gouv.fr/nombre-de-residences-secondaires il y aurait actuellement 3406 résidences secondaires dans la ville de Clermont-Ferrand. C’est 3406 résidences pouvant être redistribuées à 3406 ménages. Le nombre n’est malheureusement pas prêt de baisser si rien n’est fait.

Il existe cependant des solutions permettant de limiter drastiquement, si ce n’est interdire les résidences secondaires dans un territoire donné.

Premièrement, le «statut de résident». Il s’agit d’un statut particulier donné indépendamment de la nationalité à toute personne résidant ou voulant résider dans un territoire donné de manière permanente (c’est à dire au moins 10 mois dans l’année). Ce statut donnerait la priorité sur le logement, le travail, au sein du dit territoire, et d’autres avantages liés à cette territorialité (gratuité transports, etc...). Il serait évidemment impossible de cummuler des statuts de résident permanent de plusieurs régions différentes. Pour aller plus loin, il serait même possible d’ajouter une taxe supplémentaire aux possesseurs de résidences n’étant pas résidents permaments du territoire.

Une autre solution proposée serait de faire en sorte que la mairie possède une majorité des logements sur son territoire. Je n’aime pas cette solution là, car elle dépends beaucoup du positionnement politique de la mairie en question. Là où je suis né, en Provence, la mairie (de droite) a tendance à racheter en masse à chaque décès la propriété des citoyens. Si par exemple, il s’agit d’un champ, le maire n’hésitera pas à construire une propriété dessus, et généralement à destination de personnes plus aisées. Le maire devient alors le plus puissant promoteur de la ville... Les changements politiques au sein des mairies sont trop imprévisibles pour qu’il s’agisse d’une solution pérenne, et surtout, démocratique.

Par contre, faire en sorte de créer une organisation démocratique et non lucrative pour gérer l’immobilier peut être une solution (comme par exemple une association). Cela permettrait des prix bas pour tous, et par conséquent une plus grande mixitée sociale (terminé les quartiers populaires ou bourgeois). Et donc une gestion de la vie en ville immensément plus démocratique.

Supprimer des routes

Pour supprimer des routes, qui sont un véritable désastre écologique d’une part à cause et toujours de l’artificialisation des sols, et d’autre part à cause des voitures et motos en elle-mêmes, polluantes et bruyantes, il faut comprendre pourquoi les gens se déplacent.

On dit souvent que la meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas, il en est de même pour le déplacement. La solution à la suppression des routes est avant tout de faire une étude précise sur les déplacements quotidiens de chaque personne à chaque endroit. De cette manière seulement il est possible ensuite d’appliquer des mesures concrètes pour dans un premier temps limiter les déplacement des gens, et dans un second temps supprimer des routes.

«Volem viure e trabalhar au país !» (nous voulons vivre et travailler au pays) telle était la devise occitaniste née dans les luttes du Larzac des années 70. Même si une étude est nécessaire comme je le signifiait pour comprendre de manière plus exacte le problème, il est tout de même possible d’en voir les traits grossiers. Car il s’agit bien souvent d’un soucis de déplacement concernant l’emploi, et dans une mesure relative la vie sociale et alimentaire. Volem viure e trabalhar au país, car sans ça, nous sommes obligés de faire des kilomètres en voiture pour se nourrir, gagner sa vie, et sociabiliser.
Une des solutions est donc de garantir dans chaque endroit de quoi avoir une vie normale sans avoir besoin de faire plusieurs kilomètres par jour. Cela se traduit par une décentralisation et une relocalisation sur tout les plans. Une décentralisation politique (j’en parlerais certainement plus en détail dans le cadre de la ville de Clermont-Ferrand dans un autre article), une relocalisation de la production et des ressources essentielles (nourriture), mais aussi une relocalisation culturelle (il faudrait un livre pour parler de ça). Et en parallèle, garantir les transports en commun à chaque échelle pour les autres déplacements. La relocalisation de l’emploi peut être garantie par le statut de résident mentionné plus tôt, les autres facteurs dépendent de politiques ambitieuses et ayant un réel désir d’endiguer la crise écologique, en plus d’une vraie volontée de construction populaire.

À noter qu’il se pourrait aussi que la mixité sociale joue dans les déplacements. Le fait de mixer socialement les gens au sein d’un même quartier pourrait normaliser les comportements de déplacement et de consommation. On en revient alors à rendre l’accès au logement accessible de partout et pour tous.

Conclusion

Il reste encore beaucoup de chemin à faire pour enfin piocher toutes ces allées goudronnées qui laidissent et rendent invivable notre belle cité de Clermont-Ferrand. Il va falloir que les politiques au pouvoir commencent à mettre à la poubelle les demi-mesures de surface et règlent les problèmes de fond. Il va falloir que les citoyens acquièrent une vraie conscience décentraliste et se réapproprient la culture de la ville (ou des villes ?), il va falloir un vrai tournant démocratique, et il va falloir bien d’autres choses auxquelles je n’ai pas pensé car je n’ai pas la science infuse. Dans un prochain article je parlerais d’ailleurs certainement de la «villagélisation des villes», ou «quartélisation». Il y a tant de sujets que j’aimerais aborder qui sont plus ou moins liés à celui-là.


Mas sèm d’Auvèrnha ! Lachem pas !



Pour plus d'infos sur les résidences secondaires voici un article du commissariat général au développement durable: http://ddata.over-blog.com/3/31/32/33/Economie/Partage-des-richesses/Residences-secondaires-France.pdf